Le Gong Fu Cha

[LihuaNancy]

Pas de problème avec le gaiwan quand on fait des infusions très courtes, mais ensuite si l'on veut faire des infusions plus longues et conserver une eau suffisamment chaude, comment faire ?
Il me semble que David passe alors à la théière, me trompe-je ?
En versant de l'eau sur la théière, on peut maintenir la température.
Après tout, l'important n'est pas seulement la théière qu'on a, mais le thé qu'on boit
C'est comme pour la photo, on peut faire de bonnes photos avec n'importe quel appareil, mais un bon matériel facilite la vie
Un autre truc pratique avec la théière, c'est qu'on peut la poser sur le gongdaobei et elle se vide toute seule, pas besoin de la tenir.
Il y a aussi la question des matériaux, mais ça, c'est un autre débat

[David]

Tout à fait d'accord. Il faut faire très attention à la température du zhong. Beaucoup sont trop fins, surtout les petits, et les infusions en pâtissent avec certains thés qui ont besoin que ça reste très chaud. À noter qu'avec un bon dosage, on fait des infusions courtes de toute façon, mais effectivement, personnellement, j'aime bien passer en théière quand je sens que j'atteins des limites avec mon zhong.

[Charlotte]

Il faut savoir que les Gong Fu Cha et autres cérémonies chinoises, tels qu'ils sont enseignés dans les écoles et instituts de thé sont très réglementés. Les ustensiles sont disposés d'une certaine manière, on exécute tel mouvement précis à tel moment, etc... et on n'en déroge pas. D'ailleurs, l'apprentissage se fait mouvement par mouvement, jusqu'à parfaite exécution, et sans vue d'ensemble (même manière de procéder dans les arts martiaux en Chine).

[Tsubo]

Cela semble assez récent, non ? Il n'y a pas longtemps, on pouvait voir assez facilement que la "cérémonie" du Gong Fu Cha "n'était qu'une" manière d'infuser, et non pas une cérémonie codifiée comme l'est, par exemple, le Chanoyu au Japon ... volonté de certains chinois d'avoir "quelque chose" d'équivalent à la tradition japonaise ou simple moyen de se faire un peu d'argent en créant de pseudo-écoles de thé dirigées par des "maîtres" auto-proclamés qui cherchent à tirer profit du regain d'intérêt d'une partie des "nouveaux riches" chinois pour les racines de leur culture ?

[Charlotte]

Cela n'a rien de récent, simplement c'est une facette totalement inconnue dans le monde occidental. Mais le Gong Fu Cha se présente aussi sous la forme d'une "manière pour infuser". Les deux aspects cohabitent, le plus courant et le plus connu étant la "manière pour infuser". Par ailleurs, il n'y a pas là dessous de "maîtres" auto-proclamés, mais simplement des professionnels qui transmettent les mêmes gestes de générations en générations. La Chine n'offre pas la même visibilité que le Japon,( la Corée non plus d'ailleurs). Et dans l'esprit des chinois, ce savoir n'est pas le genre de choses qui se montrent, à plus forte raison aux étrangers.

[Charlotte]

Connaissant les Chinois, je suis a peu près certaine qu'ils ne souhaitent en aucune manière avoir quelque chose d'équivalent à la tradition japonaise... D'ailleurs, il n'y a rien de comparable, dans la forme, entre les pratiques chinoises du thé et le Chanoyu japonais, si ce n'est que cette cérémonie japonaise prend sa racine en Chine.

[Morimousso]

Connaissant les Chinois, je suis a peu près certaine qu'ils ne souhaitent en aucune manière avoir quelque chose d'équivalent à la tradition japonaise... D'ailleurs, il n'y a rien de comparable, dans la forme, entre les pratiques chinoises du thé et le Chanoyu japonais, si ce n'est que cette cérémonie japonaise prend sa racine en Chine.

Qu'est-ce qui ne vient pas de Chine ?

[Charlotte]

C'est sûr !

[Patrick]

Cela semble assez récent, non ? Il n'y a pas longtemps, on pouvait voir assez facilement que la "cérémonie" du Gong Fu Cha "n'était qu'une" manière d'infuser, et non pas une cérémonie codifiée comme l'est, par exemple, le Chanoyu au Japon ...

Comme dit Charlotte, les deux coexistent en Chine (cf Wang Ling Le thé et la culture chinoise).
Cependant, on peut supposer qu'il y a des traditions réinventées comme nous avons inventé le folklore en Europe à compter du XIXè siècle. Il y a des traditions bretonnes "séculaires" qui remontent aux années 1950 avec la création des festivals folkloriques.
Le totalitarisme maoiste a interdit, empêché ou détruit de nombreuses "pratiques féodales" au nom d'une marche triomphante vers le progrès.
Et la culture du thé a semble-t-il énormément pâti de cela.

Ce n'est pas un hasard si c'est à Taiwan qu'ont été inventé les tasses à sentir, pas un hasard si la mode du pu er a été lancée depuis Macao, Hong Kong et Taiwan.

[Charlotte]

En effet, le passage communiste a fait beaucoup de dégâts, mais il n'a tout de même pas réussi à effacer une culture de plusieurs milliers d'années. Le régime maoïste a interdit toutes pratiques culturelle ou spirituelle. Certaines sont ainsi devenues clandestines, et à l'époque, beaucoup de choses ont échappé au gouvernement, notamment dans les campagnes reculées, etc... Il est vrai aussi que les historiens ont retrouvé les traces des rituels de thés des dynasties passées et qu'ils sont aujourd'hui reproduits, enseignés et pratiqués.

[Étienne]

Pour ceux qui ne lisent pas le blog de marshallN, un article assez intéressant (un peu ardu par contre), sur l'influence des pratiques japonaises sur le gong fu cha :
http://www.marshaln.com/wp-content/uplo ... hang-3.pdf

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[Patrick]

Pas fini de lire mais c'est intéressant. Merci d'avoir mis le lien. J'ai du temps si ça interesse je peux sinon traduire au moins faire un long résumé pour les non ou pas-trop anglophones

[Circé]

Excellent ! Merci pour le lien.

[Lectu]

Pas fini de lire mais c'est intéressant. Merci d'avoir mis le lien. J'ai du temps si ça interesse je peux sinon traduire au moins faire un long résumé pour les non ou pas-trop anglophones

Vu mon niveau d'anglai je suis preneuse pour une traduction

[Patrick]

Je ferai ça au cours de la semaine prochaine je pense.

J'ai bien entamé la traduction, mais je n'ai pas toujours le temps de m'y consacrer. Ça avance, mais lentement.
En tous cas, il confirme totalement mon hypothèse de février 2014 sur les traditions (ré)inventées.