Hunan Hei Cha
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- Patrick
- Shōgun
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Hunan Hei Cha
Pour préparer l'atelier dégustation des hei cha du CUB de thé, j'ai fait quelques recherches et j'avoue que certaines informations sont perturbantes. Ou pour mieux dire, en creusant les choses, on se rend compte que l'on "vit" sur pas mal d'approximations/simplifications quant à notre objet de culte.
Les infos sur la production du thé sont assez difficiles à trouver. Mais c'est passionnant. Et je crois qu'une des limites de l'amateur est de ne pas lire le chinois !
Sur la fermentation, la distinction sheng/shu est sans doute un peu simpliste. Mais j'ouvre un débat ailleurs.
Ici, essentiellement, je traduis Babelcarp qui traduit le chinois. Babelcarp, puisque c'est ce que j'ai trouvé de plus concis (et fiable) en Anglais.
Rappel
fajiao (Fa1 Jiao4) = littéralement Fermentation (发酵 or 發酵 or 髮酵), l'oxydation par l'action des enzymes du thé cru (oxydase), enzymes non "tuées" par l'action de "tuer le vert" (sha qing)
Pour le pu er (et thés sombres)
houfajiao (Hou4 Fa1 Jiao4) = littéralement Post-Fermentation (后发酵 or 后發酵), le procédé de maturation ou de "cuisson" par lequel le maocha sec devient du pu er ou du hei cha (thé sombre) (Peut s'écrire aussi : 后髮酵)
qiangzhiwoduifajiao (Qiang2 Zhi4 Wo4 Dui1 Fa1 Jiao4) = (强制渥堆发酵 or 強製渥堆發酵) littérallement fermentation forcée par l'empilement humide. C'est une phase optionnel dans la fabrication de quelques oolong, thés rouges et jaunes. Elle intervient après le flétrissage, juste avant le sha qing. Elle consiste à empiler les feuilles en tas humides pour faciliter la fermentation. [Les tas sont plus ou moins grands selon le thé, parfois les feuilles sont placées dans des seaux. Il n'est pas clair pour moi si l'humidité est l'humidité des feuilles ou si on rajoute de l'eau... Probablement cela dépend des thés]
rengongjiasuhoufajiao (Ren2 Gong1 Jia1 Su4 Hou4 Fa1 Jiao4) = (人工加速后发酵 or 人工加速後發酵 or 人工髮酵) Fermentation artificiellement accéléré. Pour accélérer la fermentation, on ajoute des moisissures, des bactéries (levures), parfois des céréales (pour nourrir les levures dans un premier temps), à l'empilement de feuilles humides et chauffées à température contrôlée.
Les infos sur la production du thé sont assez difficiles à trouver. Mais c'est passionnant. Et je crois qu'une des limites de l'amateur est de ne pas lire le chinois !
Sur la fermentation, la distinction sheng/shu est sans doute un peu simpliste. Mais j'ouvre un débat ailleurs.
Ici, essentiellement, je traduis Babelcarp qui traduit le chinois. Babelcarp, puisque c'est ce que j'ai trouvé de plus concis (et fiable) en Anglais.
Rappel
fajiao (Fa1 Jiao4) = littéralement Fermentation (发酵 or 發酵 or 髮酵), l'oxydation par l'action des enzymes du thé cru (oxydase), enzymes non "tuées" par l'action de "tuer le vert" (sha qing)
Pour le pu er (et thés sombres)
houfajiao (Hou4 Fa1 Jiao4) = littéralement Post-Fermentation (后发酵 or 后發酵), le procédé de maturation ou de "cuisson" par lequel le maocha sec devient du pu er ou du hei cha (thé sombre) (Peut s'écrire aussi : 后髮酵)
qiangzhiwoduifajiao (Qiang2 Zhi4 Wo4 Dui1 Fa1 Jiao4) = (强制渥堆发酵 or 強製渥堆發酵) littérallement fermentation forcée par l'empilement humide. C'est une phase optionnel dans la fabrication de quelques oolong, thés rouges et jaunes. Elle intervient après le flétrissage, juste avant le sha qing. Elle consiste à empiler les feuilles en tas humides pour faciliter la fermentation. [Les tas sont plus ou moins grands selon le thé, parfois les feuilles sont placées dans des seaux. Il n'est pas clair pour moi si l'humidité est l'humidité des feuilles ou si on rajoute de l'eau... Probablement cela dépend des thés]
rengongjiasuhoufajiao (Ren2 Gong1 Jia1 Su4 Hou4 Fa1 Jiao4) = (人工加速后发酵 or 人工加速後發酵 or 人工髮酵) Fermentation artificiellement accéléré. Pour accélérer la fermentation, on ajoute des moisissures, des bactéries (levures), parfois des céréales (pour nourrir les levures dans un premier temps), à l'empilement de feuilles humides et chauffées à température contrôlée.
- Patrick
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Hunan Hei Cha
Il semblerait que le procédé de post-fermentation soit originaire du Hunan, région du sud de la Chine au climat chaud et humide (c'est actuellement la 2è région productrice d'oranges et 2è pour le thé également).
Actuellement
Les hei cha du Hunan sont produits essentiellement dans la préfecture de l'Anhua à partir de théiers à feuilles larges ou moyennes des montagnes Xuefeng. Les feuilles sont récoltées et traitées par les descendants de la tribu Chiyou défaite il y a 500 ans par les Chinois Hans et obligée de se réfugier dans les montagnes. La « commune » principale de production est Meishan, dans les montagnes isolées du Xuefeng (pas de route carossable) On tue le vert avant de rouler les feuilles. Ensuite, elles sont fermentées par la technique Wo dui (empilement humide) puis séchées à feu nu au bois de pin.
Historique
Le terme « hei cha » est attesté dans un document de l'époque Ming (1368-1644) : « Durant la quinzième année de [l'empereur] Shenzong Wanli [1595], le thé est échangé contre des chevaux. Comme le thé du Hunan est peu coûteux, la vente et la contrebande ont prospéré ».
En fait, le Hunan était déjà une région connue pour son thé sous la dynastie Tang (618-907). A cette époque, on produit du thé très compressé en galettes imprimées, aux motifs de dragon et de phénix quand elles sont apportées en tribut impérial. C'est un travail difficile, long, qui nécessite beaucoup de main-d'oeuvre. Au XIVè, le premier Empereur Ming, Zhu Yuanzhang, pour soulager les travaux du peuple, met fin au thé compressé. Le tribut est sous forme de thé en vrac. Alors, le Hunan ne recueille plus que les meilleures feuilles du printemps pour faire du thé vert, tandis qu'entraient dans la composition des galettes toutes feuilles de toutes saisons. Le décret impérial cause un drame économique chez les producteurs de thé. C'est pourquoi ils cherchent d'autres marchés pour écouler leur production.
Il se dit que durant cette recherche, le thé est stocké trop longtemps et noircit. Les producteurs vendent pour rien leurs stocks aux marchands qui revendent le thé aux peuples du Turkestan, de Mongolie et du Tibet. Ce thé fermenté leur plait, et donc un marché d'exportation s'ouvre. Ce thé est donc aussi appelé Ban Xiao Cha, thé des frontières. Par commodité de transport, il est compressé en bûche, en brique, etc.
Les Ming voulant contrôler le commerce du thé (le thé est un moyen de payer l'impôt), ils n'autorisent que le Sichuan et le Shaanxi a exporté le thé. Mais une contrebande importante se développe qui implique même la famille impériale (d'où le document précédemment cité). Sous les Ming, le thé du Hunan devient un thé de tribut impérial. C'est aussi le principal thé exporté contre les chevaux.
Pour les populations nomades du Turkestan (actuel Xinjiang), du Tibet et de Mongolie, le thé apporte des éléments minéraux indispensables et aident la digestion alors qu'ils ont un régime trop carné. Pour les Chinois, c'est l'occasion d'acquérir des chevaux robustes qui sont utiles notamment à l'armée. C'est pourquoi on appelle souvent cette route commerciale la route du thé et des chevaux.
On devrait dire les routes. L'une est contrôlée par les marchands du Shaanxi. La capitale de cette province est Xi'an, qui est la ville de départ de la route de la Soie. Ces marchands vont chercher le thé du Hunan (dont les terrains mêmes sont parfois propriétés des marchands du Shaanxi), et depuis le Shaanxi le distribue vers le nord en Mongolie, vers l'ouest au Qinghai (Tibétains et Mongols) ou vers le Nord-ouest au Xinjiang (Ouïghours, Kazakhs, Turkmènes, etc), et même vers la Perse, les empires russe et ottoman. Une autre route très connue est celle qui relie la ville de Puer au Tibet central par le Sichuan.
Actuellement
Les hei cha du Hunan sont produits essentiellement dans la préfecture de l'Anhua à partir de théiers à feuilles larges ou moyennes des montagnes Xuefeng. Les feuilles sont récoltées et traitées par les descendants de la tribu Chiyou défaite il y a 500 ans par les Chinois Hans et obligée de se réfugier dans les montagnes. La « commune » principale de production est Meishan, dans les montagnes isolées du Xuefeng (pas de route carossable) On tue le vert avant de rouler les feuilles. Ensuite, elles sont fermentées par la technique Wo dui (empilement humide) puis séchées à feu nu au bois de pin.
Historique
Le terme « hei cha » est attesté dans un document de l'époque Ming (1368-1644) : « Durant la quinzième année de [l'empereur] Shenzong Wanli [1595], le thé est échangé contre des chevaux. Comme le thé du Hunan est peu coûteux, la vente et la contrebande ont prospéré ».
En fait, le Hunan était déjà une région connue pour son thé sous la dynastie Tang (618-907). A cette époque, on produit du thé très compressé en galettes imprimées, aux motifs de dragon et de phénix quand elles sont apportées en tribut impérial. C'est un travail difficile, long, qui nécessite beaucoup de main-d'oeuvre. Au XIVè, le premier Empereur Ming, Zhu Yuanzhang, pour soulager les travaux du peuple, met fin au thé compressé. Le tribut est sous forme de thé en vrac. Alors, le Hunan ne recueille plus que les meilleures feuilles du printemps pour faire du thé vert, tandis qu'entraient dans la composition des galettes toutes feuilles de toutes saisons. Le décret impérial cause un drame économique chez les producteurs de thé. C'est pourquoi ils cherchent d'autres marchés pour écouler leur production.
Il se dit que durant cette recherche, le thé est stocké trop longtemps et noircit. Les producteurs vendent pour rien leurs stocks aux marchands qui revendent le thé aux peuples du Turkestan, de Mongolie et du Tibet. Ce thé fermenté leur plait, et donc un marché d'exportation s'ouvre. Ce thé est donc aussi appelé Ban Xiao Cha, thé des frontières. Par commodité de transport, il est compressé en bûche, en brique, etc.
Les Ming voulant contrôler le commerce du thé (le thé est un moyen de payer l'impôt), ils n'autorisent que le Sichuan et le Shaanxi a exporté le thé. Mais une contrebande importante se développe qui implique même la famille impériale (d'où le document précédemment cité). Sous les Ming, le thé du Hunan devient un thé de tribut impérial. C'est aussi le principal thé exporté contre les chevaux.
Pour les populations nomades du Turkestan (actuel Xinjiang), du Tibet et de Mongolie, le thé apporte des éléments minéraux indispensables et aident la digestion alors qu'ils ont un régime trop carné. Pour les Chinois, c'est l'occasion d'acquérir des chevaux robustes qui sont utiles notamment à l'armée. C'est pourquoi on appelle souvent cette route commerciale la route du thé et des chevaux.
On devrait dire les routes. L'une est contrôlée par les marchands du Shaanxi. La capitale de cette province est Xi'an, qui est la ville de départ de la route de la Soie. Ces marchands vont chercher le thé du Hunan (dont les terrains mêmes sont parfois propriétés des marchands du Shaanxi), et depuis le Shaanxi le distribue vers le nord en Mongolie, vers l'ouest au Qinghai (Tibétains et Mongols) ou vers le Nord-ouest au Xinjiang (Ouïghours, Kazakhs, Turkmènes, etc), et même vers la Perse, les empires russe et ottoman. Une autre route très connue est celle qui relie la ville de Puer au Tibet central par le Sichuan.
- Patrick
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Re: Hunan Hei Cha
Une vidéo de la TV chinoise (j'adore l'abréviation CCTV ca veut dire Chinese Central TV mais c'est un acronyme anglais pour vidéosurveillance Close Circuit TV... Et eu égard à la démocratie chinoise, j'aime assez que la TV officielle s'appelle Vidéosurveillance), je disais donc avant de m'interrompre moi-meme qu'à une date inconnue la CCTV4 a diffusé un documentaire sur les thés noirs du Hunan. Faut s'accrocher pour lire les sous titre, mais c'est tout à fait faisable.
Première partie
Seconde partie
L'émission est en Chinois, sous-titrée en Chinois et en Anglais.
Je ne l'ai trouvée par hasard que sur ce blog qui m'était inconnu et qui héberge d'autres vidéos...
http://oldmountain.yolasite.com/documentaries.php
Première partie
Seconde partie
L'émission est en Chinois, sous-titrée en Chinois et en Anglais.
Je ne l'ai trouvée par hasard que sur ce blog qui m'était inconnu et qui héberge d'autres vidéos...
http://oldmountain.yolasite.com/documentaries.php
- Ségolène
- Bushi
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Re: Hunan Hei Cha
À voir absolument!
- Tsubo
- Kogo
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Re: Hunan Hei Cha
Oui, pas mal ce site-blog non plus ! Merci !
- Ségolène
- Bushi
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Re: Hunan Hei Cha
Allez! Tous sur la route du thé et des chevaux!
... C'est pas gagné.
... C'est pas gagné.
- Leaf
- Feuille de Thé
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- Localisation : Québec
Re: Hunan Hei Cha
Ben c'est l'année du Cheval, autant en profiter !
- Tsubo
- Kogo
- Message(s) : 12876
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Re: Hunan Hei Cha
oui, mais l'année du cheval de bois ... nuance ...
- Ségolène
- Bushi
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- Inscription : 25 Sep. 2013
- Localisation : Bordeaux
Re: Hunan Hei Cha
Hihaaa! Tous sur nos chevaux de bois!
(Sûr, c'est plus facile à monter... mais on va moins loin!)
(Sûr, c'est plus facile à monter... mais on va moins loin!)
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